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« Ce goût pour les Louboutin n’est pas commun dans la 23e chambre »

  • Aurélie Benoit
  • 29 sept. 2019
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 nov. 2019


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Au tribunal de grande instance de Paris, la chambre numéro 23 traite les cas de comparution immédiate, où les jugements peuvent être rendus en quelques minutes.


« C’était pour l’appât du gain ». La phrase est lâchée timidement. Au moment de son audition, Adel*, 20 ans, essuie une larme face aux juges dans la 23e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Arrêté pour trafic de stupéfiants, le jeune homme se présente en comparution immédiate ce jeudi 22 novembre, allure élancée et cheveux gominés avec une raie sur le côté impeccable.


Le prévenu a été contrôlé le 7 octobre au volant de sa voiture en possession de cocaïne, cannabis et ecstasy. Un poste radio un peu avancé et le regard nerveux du conducteur vers celui-ci alarment les policiers. « Un vendeur de drogue régulier n’aurait pas eu ce comportement » défend son avocate, la trentaine, cheveux roux tirés en arrière. Pour elle, son client a vendu « de la drogue une seule fois ». Dans la voiture, la police trouve également des centaines d’euros en liquide et un ticket pour une paire de chaussures Louboutin. Montant : 700 euros.


Les 460 euros en liquide retrouvés à son domicile lors de la perquisition orientent la police sur la piste d’un trafic plus régulier. Sans preuve additionnelle, l’accusation ne sera pas retenue. Celles de consommation non plus puisque les tests sont revenus négatifs. « C’est pas bien ces produits » admet Adel, tête baissée et jambes croisées à la barre.


Un prévenu fébrile


Pour sa première comparution au tribunal, le prévenu n’a pu se préparer que la veille avec son avocate. Tout de noir vêtu, jusqu’aux chaussures Nike, le jeune reste concentré lors de son audition. Visiblement fébrile, il se gratte l’oreille à l’évocation du contenu de son téléphone. Il réitère « je ne connaissais pas les clients ». Les noms et adresses lui ont été transmis par une connaissance de son quartier qu’il l’aurait démarché deux jours avant son arrestation.


« J’avais besoin d’argent » se justifie Adel. La présidente l’interroge : « Vous vivez chez vos parents. Votre salaire est déjà un argent de poche, non ? ». « Votre alternance s’achève en juillet dernier, et vous achetez au même moment une paire de chaussures à 700 euros » renchérit le juge assesseur, la mine amusée par ce paradoxe. « Ce goût pour les Louboutin n’est pas commun dans la 23e chambre » rappelle-t-il. Des rires étouffés se font entendre dans la salle.


« Je gère mal mon argent » répond Adel sous le regard de sa compagne, venue à l’audience avec sa cousine. « J’ai souvent des caprices ». Un comportement fustigé par la procureure qui réclame 10 mois de prison dont 5 avec sursis. « Il faut une peine forte pour montrer que la drogue n’est pas une voie d’insertion » avant de rappeler le danger et l’insécurité générés par les trafics.


Finalement, Adel écopera de 10 mois avec sursis et 1500 euros d’amende. Celui qui est aujourd’hui inscrit en candidat libre pour repasser son BTS l’assure. « Ce que j’ai fait est très très mal. Je ne recommencerai plus ». Un gage de nouveau départ, quitte à laisser les Louboutin au placard.

 
 
 

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