Venezuela - Et maintenant, on va où ?
- Aurélie Benoit
- 17 nov. 2019
- 2 min de lecture

Le 24 janvier dernier, Juan Guaido s’est autoproclamé Président du pays d'Amérique centrale pour tenter de renverser Nicolas Maduro, qu'il accuse de fraudes.
Depuis mercredi, le peuple vénézuélien vit avec deux présidents. D’un côté le communiste Nicolas Maduro, héritier de l’historique Hugo Chavez en poste depuis 2013, et de l’autre Juan Guaido, le trentenaire néo-libéral à la tête de l’Assemblée Nationale , autoproclamé « Président par intérim ». En crise depuis le « Caracazo » de 2017 (des émeutes de la faim avec plus d’une centaine de morts), le pays se trouve dans un état de confusion sans précédent.
« Guaido a voulu faire bouger les choses »
« C’est le chaos total » reconnaît Franck Gaudichaud, directeur de l’association France-Amérique Latine qui s’intéresse aux régimes politiques de la région. Le Venezuela, malgré ses gigantesques réserves de pétrole, se noie dans une débâcle économique majeure. Entre hyperinflation et pénuries de produits.
« Depuis des mois, l’opposition (l’Assemblée nationale, NDLR) était dans l’impasse, Guaido a voulu faire bouger les choses » poursuit-il, Avec ce coup de force, le chef du Parlement s’impose aujourd’hui comme un interlocuteur officiel. Trump, s’est empressé de reconnaître le nouveau leader, suivi par le néo-conservateur d’extrême droite Bolsonaro (Brésil) ou encore le libéral Trudeau (Canada). « Une erreur stratégique » tranche Franck Gaudichaud avant de rappeler que « Maduro a d’importants alliés comme le Mexique ou la Chine ». Sans oublier qu’en interne, le communiste s’appuie sur un atout essentiel : une armée puissante et loyale. « Un véritable parti présidentiel », clarifie Jean Jacques Kourliandsy avec des hommes placés aux postes clefs dans les entreprises et les ministères. Une « ossature de l’Etat » indispensable pour garder le pouvoir durant la tempête.
« Le peuple est entre le marteau et l’enclume »
« Juan Guaido connaît les limites de la rue et il mise sur un retournement des militaires » avance le chercheur. « Il a déjà proposé une amnistie pour séduire les Généraux, car la partie est loin d’être gagnée ». D’autant qu’à l’étranger, seul Donald Trump brandit la menace d’une intervention militaire américaine. Une option jugée peu probable par les experts. « Le peuple est entre le marteau et l’enclume » conclut le chercheur, piégé entre deux présidents que tout oppose. Ces dernières années, deux millions de personnes ont déjà fui le pays.
« Une des sorties de crises possibles reste une négociation avec l’Union Européenne comme médiateur », espère Pedro Garcia Sanchez, maître de conférence à l’université Paris-Nanterre, spécialiste du Venezuela. Dans une brève allocution, le Président Macron s’est contenté hier de soutenir « la démocratie » et « le courage du peuple vénézuélien ». Une rhétorique diplomatique révélatrice du brouillard dans lequel le pays s’enfonce.
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